Les couleurs du Quatuor pour la fin du temps d’Olivier Messiaen
En 1941, Olivier Messiaen crée le Quatuor pour la fin du Temps devant les prisonniers du Stalag 8 à Görlitz en Silésie. S’inspirant des hallucinations colorées provoquées par les conditions de privation extrême, il compose une pièce dont la couleur est le sujet même. Dès lors, son langage musical sera hanté par la synopsie… et les chants d’oiseaux qu’il introduit pour la première fois dans ce quatuor.
Pour donner à voir ce phénomène sur scène, le plasticien Jean-Christophe Roelens propose à l’Ensemble K de mener un travail sur les correspondances entre sons et couleurs établies par Olivier Messiaen dans son Traité de rythme, de couleur et d’ornithologie à partir de l’analyse du musicologue Benjamin Lassauzet.
Le résultat de ce projet pour le moins ambitieux, donné pour la première fois le 26 novembre 2016 à l’Arsenal de Metz dans le cadre du festival « La couleur des sons », révèle 24 rouleaux de tapisserie -véritables partitions colorées- représentant les visions de Messiaen. Déroulés simultanément à la musique du quatuor, ils promettent, dans deux configurations possibles, une expérience sensorielle.
« C’est par le truchement de nos yeux et de nos oreilles que s’établit notre plus étroit contact avec la vie… Les artistes, créateurs d’émotions, ont donc cherché à employer, à combiner ces deux moyens d’expression, qui nous ont valu, depuis la plus haute antiquité, les rites des cérémonies religieuses, la tragédie lyrique, l’opéra… C’est donc une concordance plus parfaite de la musique et de la plastique, ne portant plus l’empreinte de sensations individuelles divergentes, que souhaitent nos deux sens prédominants, recherchant ainsi des émotions plus puissantes, par ces deux actions conjuguées » Olivier Messiaen…
Parole de spectateur : « La relation arts plastiques/musique n’est pas si simple en général. Il y avait ici du lien, une évidence naturelle dans le propos qui fonctionne bien. Il s’agit de 2 gestes artistiques qui vont bien ensemble, qu’on pourrait apprécier individuellement. L’horloge temps fixe 2 temps conjugués : l’expo qui s’installe au fur et à mesure dans le temps de la musique et qui perdure quand la musique s’arrête. »
Jean-Christophe Roelens : plasticien
Benjamin Lassauzet, musicologue
Élodie Haas : violon
Thérèse Bussière-Meyer : violoncelle
Xavière Fertin : clarinette
Luc Benoît : piano
Avec l’aimable participation des élèves de Terminale Musique et Danse du Lycée Henri Poincaré et du Conservatoire du Grand Nancy et des étudiants du CEFEDEM et de l’ESAL de Metz pour le déroulé des papiers peints.
Dans le cadre de nos actions culturelles, cette collaboration avec les élèves et étudiants leur aura permis de suivre et de participer au processus de création et à la performance, de faire un travail d’analyse et de correspondance entre les disciplines, de croiser ainsi leurs spécialités avec celles de leurs homologues et d’échanger avec l’équipe artistique. Différents projets peuvent être proposés aux futurs dérouleurs pour des représentations à venir.
Coproduction : Arsenal Cité musicale (Metz), CCAM-Scène Nationale de Vandœuvre